Rue/ Théâtre grotesque/ Musique live/ Envolées poétiques
Spectacle tout public
Durée : 1h00
Coproductions :
Association Les Féron’arts – Le Cirque Jules Verne, Pôle National Cirque et rue d’Amiens – Le Boulon, Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public de Vieux-Condé – L’Atelier 231, Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public de Sotteville-lès-Rouen
Soutiens à la création :
La DRAC des Hauts-de-France – La Région Hauts-de-France – La SPEDIDAM
Apports en industrie :
La mairie de Féron – EPCC écomusée de l’Avesnois – Le Nil Obstrat, Centre de Création Artistique et Technique de Saint-Ouen-l’Aumône
Avec la collaboration des élèves de CM2 de l’école primaire de Féron, des élèves de 4° des Collèges Joliot Curie et Léo Lagrange de Fourmies et des femmes en insertion du CSC de Fourmies
Un ticket pour l’avenir ?
Les clowns aux gueules cassées de La Baraque Liberté vous invitent à choisir un costume et à prendre place pour assister à un voyage vers notre futur proche, celui où la France bascule sous la gouvernance du « rassemblement citoyen » et son « dispositif d’ultra vigilance citoyenne ». Sous vos yeux, ils vont improviser le « demain d’aujourd’hui ».
Une clown rêve de devenir le chef.
Dans son costume de chef, elle convainc les autres que grâce à sa capacité sensible d’incarnation elle peut jouer « l’homme-peuple » pour les représenter enfin.
Ici le grotesque comme forme d’expression s’incarne dans la transformation des personnages, leur animalisation, leur dégradation en simples pantins devenus signes. Il construit une langue parlée odieusement ordinaire et quotidienne, et plante dans les corps le pouvoir de la rhétorique et de la manipulation par la langue. Nos clowns déforment la réalité, la caricaturent, la moquent, dans une satire qui se fait de plus en plus morbide.
Le dispositif orwellien « d’ultra-vigilance citoyenne » est installé sur la place du village. « Un permis à point de droit à la citoyenneté » a été mis en place. Des consignes de « comportement à adopter » pour gagner ou conserver ses points sont diffusées chaque jour sur la place du village par un système sonore. Tout comportement suspect, acte de résistance ou non-participation au règlement de la cité est pénalisé par la perte de points. Tout citoyen qui atteint zéro point est passible de bannissement par catapultage. Petit à petit les clowns oublient qu’ils jouent à un jeu grotesque et se laissent prendre par la cruauté de la société qu’ils ont eux-mêmes inventée…
« C’est vrai, la France démocratique s’est constituée en élaborant un espace public commun à tous – la communauté des citoyens.
C’est au nom de la citoyenneté commune, que nous tous, membres de la société démocratique française, nous pouvons disposer d’un ensemble de droits et de devoirs qui nous permettent de faire une société par-delà nos différences et nos inégalités. Il faut qu’il y ait entre les êtres humains d’une même société ce minimum de confiance réciproque par lequel nous établissons des liens et nous pouvons vivre ensemble. »
Extrait de « La Citoyenneté à l’épreuve » de Dominique Schnapper
« Il est venu le temps de feindre » disait Aragon et il est temps pour nous « clowns de supermarché » de nous moquer ouvertement des réactionnaires aux discours de haine qui nous racontent des histoires et qui nous parlent comme à des enfants. A savoir, en assumant notre condition d’acteur pris en tenaille entre ce qui est vrai et ce qui est faux.
Celle-là ou Celui-là qui, parce qu’il a de nouvelles lunettes, prétend pouvoir parler au peuple dans son costume de chef.
Celle-là ou Celui-là qui nous enferme dans un pays clos, dans une société monochrome et une identité univoque.
Enfin toi, moi, elle, lui, qui avons fini par les croire et qui avons glissé doucement vers la barbarie.
Le jeu commence. De manipulation rhétorique en manipulation d’imagerie d’enfant, le
« beau-parleur » devient, le temps de son discours, maître du passé, contrôleur du présent et oblitère l’avenir.
« L’être-acteur » dans la vie ne fait qu’adopter les pratiques de « l’être-acteur » sur scène. Et ainsi les deux paraissent pris dans un jeu de miroirs déformants qui rend floues leurs images en raison, précisément, du « jeu » sur la scène du théâtre ou sur celle de la vie.
Nous allons nous moquer et jouir avec le public du plaisir de démonter la machine bien huilée de la manipulation des idées et des êtres.
En prenant ces porteurs de haine au pied de la lettre, les clowns peuvent aller au bout de ce qui se révélera être une fable cruelle. Ainsi la fragilité intrinsèque du projet démocratique se révèle.
Madame La France, c’est l’histoire du jeu où l’on joue à trahir cette promesse démocratique. C’est notre avenir proche, c’est demain. C’est poser la question de la responsabilité individuelle dans un projet commun. Et, c’est révéler la nécessité de rester au plus proche de nos inexpugnables idéaux humanistes.
Caroline Panzera